Michaël Delafosse, maire de Montpellier : "La sûreté est une composante centrale du projet urbain"

Magazine En Villes : Comment le projet urbain et les instances de pilotage du projet intègrent la question de la sûreté ?

Michaël Delafosse : La sûreté est une question fondamentale dans la conduite de nos projets de renouvellement urbain, et ce dès les premières étapes du projet. En tant que maire de Montpellier et président de la Métropole, je suis conscient qu’un aménagement urbain réussi doit aller de pair avec une sécurisation effective des espaces publics, des infrastructures et des habitants. Dans le cadre de nos projets, dès la phase de préfiguration, nous avons intégré des études de sûreté et de sécurité publique (ESSP), même si, pour le quartier Cévennes, cela n’était pas une obligation réglementaire. Ces études permettent d’analyser les projets sous un prisme différent, en mettant l’accent sur la prévention situationnelle. Lors de la phase opérationnelle, un ensemble de mesures est déployé pour sécuriser les chantiers. Avant chaque démarrage de travaux, une cellule de veille restreinte, issue du Comité local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD), est activée pour évaluer les risques et définir les actions de communication et de prévention. La réactivité de l’ensemble des acteurs concernés est renforcée grâce à un partenariat déjà bien établi. En accompagnement du projet urbain, des dispositifs partagés sont mis en oeuvre avec l’ensemble des partenaires institutionnels et associatifs.

En quoi le quartier prioritaire de la Mosson, situé au nord-ouest de Montpellier, illustre-t-il votre démarche ?

Le quartier de la Mosson verra la création, d’ici à fin 2024, d’un pôle sécurité réunissant la police nationale et la police municipale pour offrir un service de proximité quotidien aux habitants. Par ailleurs, un parc de vidéoprotection sera déployé avec une cinquantaine de caméras, ciblant particulièrement les équipements et espaces publics majeurs et les axes de circulation. Nous renforçons également la présence de médiateurs sociaux pour favoriser le lien social et la prévention de la délinquance. Le Groupement de sûreté résidentielle inter-bailleurs (GSRI) est aussi présent pour renforcer la sécurité des résidents. En matière de transport, la police des transports a été créée pour garantir la sécurité des usagers. Il existe une coopération opérationnelle renforcée avec les forces de sécurité intérieures et le procureur de la République, formalisée par une convention de coordination renouvelée. Le projet de requalification urbaine est également accompagné d’un contrat de sécurité intégrée (CSI) au sein du quartier de reconquête républicaine qui permet d’identifier et de mettre en oeuvre les moyens matériels et humains nécessaires à la sécurité des quartiers en pleine transformation. Nous assurons un suivi régulier grâce à l’animation de cellules de veille et de groupes de partenariat opérationnel de manière continue. En somme, la sûreté n’est pas une simple considération secondaire dans notre projet urbain, elle en est une composante centrale, à la fois en matière de conception, de mise en oeuvre et de gestion quotidienne, dans une logique de partenariat et de proximité.

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Selon vous, quels sont les enjeux et les facteurs de réussite d’un projet de renouvellement urbain ?

Les facteurs de réussite du projet de renouvellement urbain reposent sur plusieurs leviers essentiels qui visent à renforcer la sécurité et la tranquillité publique tout en favorisant la cohésion sociale et le développement économique. Parmi les principaux facteurs de réussite, on peut citer la mixité urbaine et sociale, qui permet de diversifier les usages et les fonctions du quartier. En intégrant de nouveaux services publics, des logements diversifiés et de nouveaux acteurs économiques, nous créons un environnement où chacun peut trouver sa place et où les tensions liées à l’isolement ou à la marginalisation sont réduites. Un autre facteur clé est l’accessibilité aux transports en commun, qui permet de mieux connecter ces quartiers au reste de la Métropole. Le soutien à l’insertion sociale et professionnelle des jeunes constitue également un levier déterminant pour lutter contre la délinquance et l’exclusion. En développant des dispositifs d’accompagnement adaptés, nous offrons aux jeunes du quartier de nouvelles perspectives d’avenir. La collaboration avec le tissu associatif local joue également un rôle primordial dans l’animation et la dynamisation des quartiers. Ce soutien renforce la solidarité entre les habitants et permet d'instaurer un climat de confiance. 

Nous créons un environnement où chacun peut trouver sa place et où les tensions liées à l’isolement ou à la marginalisation sont réduites

Quels sont aujourd'hui les axes prioritaires en matière de sûreté pour améliorer le renouvellement urbain sur votre territoire ?

La lutte contre les phénomènes de délinquance, le trafic de stupéfiants mais aussi les marchands de sommeil, est une priorité pour garantir un environnement sécurisé et sain pour tous les résidents. La lutte contre la radicalisation et le communautarisme est également un enjeu majeur, car ces phénomènes peuvent conduire à des ruptures sociales et à des tensions communautaires. Nous devons renforcer la prévention et le dialogue pour maintenir l’unité et la cohésion sociale. Enfin, la participation citoyenne constitue un autre facteur fondamental de succès, car elle permet aux habitants de s’investir dans le projet urbain, de faire remonter leurs préoccupations et de participer activement à la transformation de leur quartier. Cela favorise une dynamique collective et renforce le sentiment de sécurité. La réussite de ce projet repose donc sur une approche globale et intégrée, combinant des actions en matière de sécurité, de développement urbain, de cohésion sociale et de soutien économique. Grâce à une coordination étroite entre les différents acteurs institutionnels, associatifs et privés, nous pouvons garantir un avenir plus serein et prospère