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© Ministère du Logement

Prospective

Valérie Létard, ministre du Logement : "La mobilisation de l'État est plus que jamais nécessaire"

Nous avons échangé avec la ministre chargée du Logement, nommée en octobre 2024. Valérie Létard revient sur son engagement auprès des quartiers prioritaires et ses ambitions pour les années à venir.

Vu dans en villes, le mag de l'anru

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Magazine En Villes : Le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU) porté par l’ANRU entre dans sa phase la plus concrète, avec des opérations livrées de plus en plus nombreuses. Le renouvellement urbain peut-il être une réponse à la crise du logement ?

Valérie Létard : Dans le contexte de crise que connaît notre pays, le logement est une priorité de nos concitoyens, ainsi que l’a exprimé le Premier ministre. Cette priorité est plus forte encore pour les habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville qui bénéficient parfois d’un cadre de vie dégradé, voire très dégradé. Mobiliser toutes les énergies pour soutenir la production, améliorer le parc existant et répondre à la demande sont des objectifs essentiels pour le secteur du logement. Les projets NPNRU, financés par l’État, Action Logement, les bailleurs et les collectivités locales ainsi que la Caisse des Dépôts (CDC), accompagnent la transformation de 448 quartiers et concernent près de 3 millions de personnes. Ils permettent de réhabiliter, de construire des logements sociaux, et également de construire pour de l’accession à la propriété, dans une recherche de mixité sociale et dans le cadre de politiques locales de l’habitat des collectivités. Toutefois, la pertinence du NPNRU n’est pas seulement de traiter les problématiques de logement, c’est également d’examiner les questions plus globales de réaménagement des quartiers dans leur ensemble : la rénovation et la redéfinition des espaces publics, la rénovation ou la construction de nouveaux équipements (pôles éducatifs, équipements sportifs…), l’implantation d’associations en pied d’immeuble… Le logement n’a d’intérêt que dans un quartier où il est agréable de vivre. Le renouvellement urbain permet aussi de réinventer la ville, de faire du beau dans les quartiers ! Pour construire la ville dont nous avons besoin, dense, durable, inclusive.

(...) Le renouvellement urbain devra être
davantage articulé avec les politiques sociales de la politique de la ville, par exemple en renforçant la
mobilisation des acteurs publics

1998 Adjointe au maire de Valenciennes en charge de la politique de la ville 
2007-2009 Secrétaire d’État en charge des solidarités 
2001-2021 Sénatrice du Nord 
2008-2016 Présidente de la communauté d’agglomération de Valencienne Métropole 
2017-2023 Vice-présidente du Sénat 
Depuis 2024 Ministre du Logement et de la Rénovation urbaine en charge de la politique de la ville et députée du Nord

Quels sont les enjeux du renouvellement urbain de demain ? En quoi la politique de la ville de demain prend en compte l’adaptation au changement climatique ?

Les quartiers prioritaires sont particulièrement touchés par le changement climatique et les nuisances environnementales : au travers de la pollution de l’air, du sol et sonore, de l’effet d’îlot de chaleur urbain, des logements énergivores « passoires » et « bouilloires » thermiques. En 2022, 70 % des habitants de QPV indiquent avoir été confrontés à des températures trop élevées pendant l’été, contre 56 % au niveau national. Ce sont ces mêmes habitants qui, du fait d’un pouvoir d’achat réduit, sont les plus sensibles aux augmentations des factures énergétiques. L’adaptation des quartiers est désormais une question de justice sociale. Dans ce contexte, la politique de la ville de demain doit impérativement prendre en compte l’adaptation au changement climatique. Cela se traduit par des actions concrètes, telles que la promotion d’aménagements urbains durables, l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments et la création d’espaces verts qui contribuent à la biodiversité et à la résilience des quartiers face aux aléas climatiques, et tout le développement des mobilités douces. Nous avons la responsabilité de construire des quartiers qui ne sont pas seulement adaptés à leurs habitants, mais qui le sont également à leur environnement. Toutefois, je veux rappeler que la transformation urbaine de ces quartiers ne sera pas achevée au terme du programme en cours, et la solidarité nationale devra pouvoir continuer à s’exercer en leur direction. La lutte contre la ségrégation territoriale, la résolution des désordres urbains persistants dans les quartiers, l’amélioration du cadre de vie et de la sûreté restent des enjeux du renouvellement urbain de demain. Pour garantir que ces transformations répondent aux besoins réels des populations, et c’est également l’enjeu pour l’avenir, il est essentiel d’associer les habitants à chaque étape des projets. Les maisons de projet et les conseils citoyens permettent une concertation active, favorisant ainsi l’émergence de solutions adaptées aux enjeux locaux. En intégrant les voix des citoyens, nous veillons à ce que le renouvellement urbain soit une coconstruction, respectueuse des attentes et des besoins de chacun. Enfin, le renouvellement urbain devra être davantage articulé avec les politiques sociales de la politique de la ville, par exemple en renforçant la mobilisation des acteurs publics : Éducation nationale, acteurs de la sûreté, CAF, ARS, France Travail, notamment.

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