Quel était le contexte de création des grands ensembles ?
Enclenchée au début des années 1950, la création de ce qu’on appellera plus tard les grands ensembles a été motivée par trois causes principales : les destructions de guerre d’abord, la nécessité d’accompagner le mouvement du baby-boom ensuite et enfin, la vétusté d’un parc de logements où plus de la moitié des immeubles étaient centenaires.
Quelles étaient les caractéristiques communes de ces grands programmes immobiliers?
La forme des grands ensembles a été dictée par la nécessité de construire vite, beaucoup et dans un budget contraint notamment par les guerres coloniales. Les mots clés : préfabrication, confort moderne, gigantisme et simplicité des plans. On trouve d’ailleurs le même type d’immeubles à Strasbourg, à Brest et à Bordeaux. On les destine tous au même public : les ménages de la « petite classe moyenne » qui vont porter la croissance économique de la France, les familles d’employés et d’ouvriers qualifiés. À l’époque, il ne s’agit pas de loger les plus pauvres!
...Suite de l'article ci-dessous
...suite de l'article
Le modèle a rapidement montré ses limites… Pourquoi, à votre avis?
Il faut d’abord rappeler que les grands ensembles n’ont jamais été le choix du cœur mais bien plutôt une décision qui relevait du pis-aller, un mal nécessaire. Le modèle de référence de la société française, c’était, et c’est encore en partie, le pavillon individuel… Quant aux raisons de l’échec, elles sont multiples. La raison de l’échec des grands ensembles tient tout d’abord au manque de clarté des pouvoirs publics sur ce type d’habitat : s’agissait-il de promouvoir un nouveau type de logement, symbole de la modernité des Trente Glorieuses ou s’agissait-il au contraire d’en faire un détour contraint mais nécessaire pour les familles françaises dont le rêve était de devenir propriétaire d’un pavillon? La question n’a jamais vraiment été tranchée.
Quelle a été la réaction de l’État?
En 1968, le ministre de l’Équipement et du Logement prend un arrêté qui contraint les organismes HLM à imposer un surloyer aux plus aisés et à faire entrer un contingent important de « mal logés » dans leur parc immobilier. Mais dans le même temps, on réduit la voilure sur l’accompagnement social. Ces évolutions convergent, la population de certains grands ensembles se paupérise et on assiste à l’arrivée massive de familles nombreuses avec beaucoup d’adolescents, dont la structure ne correspond pas aux logements proposés. Beaucoup de familles d’origine étrangère sont également passées directement du bidonville au HLM sans réel accompagnement social et sans que l’on respecte la quotité de 15 % fixée par les services de l’État. Cela accélère le départ des ménages de la classe moyenne et le désengagement des organismes HLM, enclenchant un cercle vicieux dont il est encore aujourd’hui difficile de sortir. Les immeubles peu entretenus se sont dégradés, ceux qui pouvaient en partir l’ont fait et on les a remplacés par d’encore plus pauvres. En 1973, la situation était si critique que le gouvernement a décidé de stopper net le développement des grands ensembles, moins de vingt ans après leurs débuts…
Pour aller plus loin, découvrez ci-dessous nos informations complémentaires sur les grands ensembles
L'info en plus
L'info en plus
Fil Infos
Education
Renouvellement urbain et école : un levier pour la réussite éducative ?
Vu dans EN VILLES, le mag de l'ANRU
En détail
De l'archéologie dans les programmes de l'ANRU : comment ça marche ?
Vu dans EN VILLES, le mag de l'ANRU
Cadre de vie
Amélioration du cadre de vie : quel bilan pour le NPNRU ?
Vu dans EN VILLES, le mag de l'ANRU