Visionnez les échanges du colloque, séquence par séquence
- Des impacts et des évolutions
- Baromètre Harris :Comment vivent les Français dans leur quartier ?
- Franck Boutté :Refaire la ville à l’heure de la transition écologique
- La ville à vivre :Renouvellement urbain et amélioration du cadre de vie
- Tommaso Vitale :les enjeux de la dé-ségrégation sociale en milieu urbain
- Des solutions face au changement climatique ?
- Ma thèse en 5 minutes
- Mixité sociale :horizon inatteignable du renouvellement urbain ?
- Le pouvoir d’agir des habitants des quartiers
- Quel bilan tirer desvingt ans de la politique de renouvellement urbain ?
- L'intégrale des vidéos en lecture continue
Colloque "Penser les quartiers de demain" : ce qu'il ne fallait pas manquer
Il est des coups d’œil dans le rétroviseur qui donnent envie de regarder l’horizon et de reprendre la route. Au-delà de la richesse des débats et de la diversité des points de vue exprimés lors de cette journée d’anniversaire, c’est sans doute ce sentiment qui prédominait. 20 ans après, l’envie d’aller de l’avant, d’en découdre, était toujours aussi forte. Comme si se rappeler la ferveur des débuts ne pouvait qu’alimenter la flamme… Et pour cela, quel meilleur relayeur que Jean-Louis Borloo, père de l’ANRU, salué avec beaucoup d’humour par Renaud Epstein, professeur de sociologie à Saint-Germain-en-Laye et chercheur au CESDIP : « Je ne voudrais pas que ce que je dis soit entendu comme une critique de Jean-Louis Borloo, car ce serait comme critiquer Mahomet à la Mecque, mais globalement, au fil des années, les projets sont devenus de meilleure qualité ! »
De son côté, l’ancien ministre d’État de l’Écologie, Jean-Louis Borloo, a rappelé le contexte dans lequel l’Agence est née, suscitant beaucoup de résistances et de scepticisme, et l’importance du programme, qui constitue « le plus grand chantier civil de l’histoire de France, onze fois Haussmann ! » Et de poursuivre : « L’idée centrale au départ était de faire du beau et de gommer les cicatrices urbaines. Et si l’on faisait du beau, les gens viendraient… »
Mixité sociale et enjeux climatiques
Si beaucoup avaient en tête, ce 8 février, le travail significatif de l’ANRU et, pour certains, la façon dont ils y avaient contribué, le programme de la journée était délibérément consacré aux enjeux du présent. Les objectifs ? Évaluer le chemin parcouru, et celui qu’il reste à faire au service des habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Notamment à travers quatre tables rondes, consacrées à l’amélioration du cadre de vie, aux solutions à mettre en place face au changement climatique, à la mixité sociale et au pouvoir d’agir des habitants.
Pour en parler, l’ANRU avait choisi de faire la part belle aux chercheurs et au monde académique, mais aussi à la société civile, à ses partenaires et aux élus. C’est à l’un de ces derniers, Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis et président de Plaine Commune, qu’est revenu la mission d’ouvrir la journée. D’emblée, celui-ci a rappelé l’importance des programmes de rénovation dans les quartiers et les immenses attentes qu’ils suscitent. « Je suis fier que cet anniversaire se tienne en Seine-Saint-Denis. Symboliquement, c’est un très bon choix. C’est ici, dans nos territoires, que l’on a pu voir l’impact des premières années de rénovation urbaine, évolution majeure dont il faut mesurer le travail effectué et les limites pour tirer les enseignements et améliorer les choses ». Et d’ajouter : « On n’imagine pas se priver aujourd’hui de l’ANRU. » Même si, a-t-il précisé, le projet urbain est « un moyen de faire la ville qui ne pourra jamais se substituer à d’autres politiques publiques comme l’éducation, la santé. Il faut sortir du fantasme que le béton règlerait les choses ».
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Des regards scientifiques pour éclairer les débats
Au fil de la journée, les éclairages se sont succédé, mettant en lumière l’urgence des enjeux actuels, notamment le défi climatique, inséparable de la question sociale… « Les habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville sont les plus vulnérables au réchauffement climatique. Parce qu’ils n’ont pas de résidence secondaire, ce sont des assignés à résidence climatiques. C’est auprès d’eux qu’il faut déployer les moyens », a rappelé Franck Boutté, ingénieur urbaniste et lauréat du Grand Prix de l’urbanisme 2022.
En donnant la parole à des chercheurs et à quatre thésards, le colloque a permis d’apporter des éclairages au débat, comme celui de la mixité. Maximilien Steindorsson a présenté les résultats de sa thèse soutenue en 2023 : L’effet de la nouvelle offre non sociale sur la valorisation des quartiers rénovés. Une étude dans trois quartiers de l’Ouest : Malakoff à Nantes, Kervénanec à Lorient et Les Sablons au Mans. À la question « Est-ce que ces nouveaux parcs ont réussi à attirer des ménages plus aisés ? », le jeune homme répond par l’affirmative. Tout en mettant en avant la fragilité de ces parcs qui continuent à pâtir d’une moindre attractivité par rapport au reste de la ville et en montrant que les interactions entre les nouveaux arrivants et le quartier ne sont pas automatiques. « Il est important de proposer des leviers, par exemple de créer des lieux qui créent des liens, génèrent d’autres pratiques, surtout dans ces territoires qui sont toujours victimes de réputation négative. »
Si un grand nombre d’intervenants se sont succédé au micro, la prise de parole d’Ilham Grefi, habitante du quartier du Mirail à Toulouse, responsable associative, membre du conseil national des villes et de la commission participation citoyenne, aura marqué les esprits. « Aujourd’hui, l’ANRU atteint l’âge de la maturité. Elle ne peut plus faire l’économie de la participation des habitants et doit nous considérer comme des personnes qui peuvent avoir de bonnes idées. Qui mieux que nous peut parler de nos difficultés au quotidien ? ». Une intervention qui fait écho à celle d’Anne-Claire Mialot, directrice générale de l’ANRU : « C’est pour les habitants que nous nous battons, pour améliorer leur cadre de vie. Ces grandes transformations ne peuvent pas se faire sans eux. »
20 ans d'ANRU et de renouvellement urbain : qu'en pensent les partenaires ?
Christophe Béchu, Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires :
« L’ANRU vieillit bien. Si l’on se projette, à quoi ressemblera-t-elle dans vingt ans ? Nous devons continuer à progresser en matière de concertation, de mixité sociale. L’ANRU devra également s’engager davantage par rapport aux enjeux environnementaux, comme elle a commencé à le faire. Je pense aussi à l’enjeu de l’adaptation au changement climatique… Avec la démarche des Quartiers Résilients, le chantier est en cours. Les quartiers prioritaires de la politique de la ville sont souvent les plus vulnérables face aux vagues de chaleur. Il faut inscrire le renouvellement urbain dans nos efforts d’adaptation. C’est donc bien un nouvel enjeu global pour l’Agence. Toutes ces réflexions sont en train d’être mûries par Jean-Martin Delorme, de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable, Anne-Claire Mialot, directrice générale de l’ANRU, et Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne, qui me remettront un rapport sur le sujet avant l’été. Ce sera l’occasion d’ouvrir les pistes qui nous permettront d’explorer pour préparer ensemble les vingt prochaines années du renouvellement urbain. »
Jean-Louis Borloo, ancien ministre d’État de l’Écologie et fondateur de l’ANRU :
« 20 ans après les débuts, je suis partagé entre des remerciements éperdus à tous ceux qui ont fait le renouvellement urbain, et en même temps un peu de tristesse. C’est une politique qui a touché directement 800 000 familles, je suis très heureux du travail accompli. L’ANRU est un outil absolument majeur qui, seul, ne règle pas les problèmes. Il va falloir une mobilisation nationale, pour continuer d’agir en faveur des habitants des quartiers.»
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