Jean Bouvier : "Les habitants sont les meilleurs experts de ce qui fonctionne ou pas dans le quartier"

Qu’est-ce que la gestion urbaine et pourquoi mettre en oeuvre un projet de gestion dans les quartiers prioritaires en renouvellement urbain ?

Jean Bouvier : La gestion urbaine, c’est simplement la gestion au quotidien de tout ce qui fait la ville : la gestion de l’habitat, la gestion des équipements, des réseaux, des services urbains… C’est un objet très vaste, très large, qui met en jeu un nombre considérable d’acteurs. C’est donc un sujet complexe mais surtout déterminant : si la gestion urbaine n’est pas à la hauteur, la ville ne fonctionne pas. Historiquement, c’est d’ailleurs les dysfonctionnements constatés au bout de 22 ans de politique de la Ville qui ont imposé l’idée de la gestion urbaine au début des années 2000. On s’est rendu compte qu’on avait beau investir dans le social et le logement des quartiers défavorisés, il y manquait quelque chose. Et ce quelque chose, c’était précisément une gestion urbaine efficace.

Je constate régulièrement que les phases diagnostiques de projets de gestion se privent du regard des habitants

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Dans le règlement du NPNRU, l’ANRU évoque désormais des projets de gestion. De quoi s’agit-il ?

Un projet de gestion dans un quartier en renouvellement urbain, c’est d’abord un engagement à améliorer la gestion urbaine existante là où elle n’est pas suffisante, par exemple en matière de sécurité ou de propreté, pour ne citer que deux grands classiques. Mais la notion de projet suppose aussi un volet d’anticipation : il s’agit de projeter la gestion urbaine actuelle dans le futur n s’intéressant à tout ce qui va être impacté par le projet de renouvellement urbain.

L'urbanisme transitoire fait le lien entre la gestion urbaine et long terme du renouvellement urbain

Quels conseils peut-on donner aux porteurs de projets sur la réalisation d’un projet de gestion en NPNRU ?

Outre l’importance de travailler en parallèle sur le double registre d’action – l’existant et ce qui est à venir –, il me semble que le point le plus sensible touche aux modes d’organisation et de management. Si vous souhaitez améliorer la gestion urbaine, c’est que ça ne marche pas très bien et personne n’aime voir le fruit de son travail remis en cause. On ne pourra lever les résistances qu’en impliquant les hiérarchies, les directions de services et parfois même les élus. Un autre conseil clé me semble de travailler davantage avec les habitants. Cela peut paraître « bateau » mais je constate régulièrement que les phases diagnostiques de projets de gestion se privent du regard des habitants. Or, ce sont eux les meilleurs experts de ce qui fonctionne ou pas dans le quartier !

Quelles peuvent être les contributions des actions d’urbanisme transitoire au projet de gestion et comment les intégrer ?

Ce qui est intéressant dans l’urbanisme transitoire, c’est qu’il fait les lien entre la gestion urbaine ici et maintenant et le long terme du renouvellement urbain. Ainsi, lorsqu’on se donne les moyens de réussir une occupation temporaire, on développe des réflexes et des méthodes qui peuvent servir à la fois la gestion urbaine et la transformation du quartier. C’est typiquement le cas des occupations qui ont pour vocation la gestion de l’attente. Mais pour capitaliser pleinement sur les enseignements d’un projet transitoire, il faut que les gestionnaires et les maîtres d’ouvrage travaillent ensemble dès la phase de repérage et de connaissance des sites, c’est d’ailleurs le troisième conseil que je souhaiterais donner aux porteurs de projets.