Agrandir l’image
© DR

Santé, Cadre de vie

Urbanisme favorable à la santé : quels exemples dans les quartiers prioritaires ?

L'ANRU s'attache aujourd'hui à renforcer et à accélérer la prise en compte des enjeux de santé dans le cadre du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain. Nos exemples à Pau, Nantes, Miramas et Saint-Denis.

Vu dans en villes, le mag de l'anru

Publié le

Pau, Nantes, Miramas, Saint-Denis : comment mettent-ils en œuvre les moyens de préserver la santé des habitants de leurs quartiers prioritaires ? Voici des exemples de projets de renouvellement urbain ayant une approche intégrée des problématiques de santé. L'Agence Nationale de la Rénovation Urbaine s'attache aujourd'hui à renforcer et à accélérer la prise en comptede cette thématique clé dans la réussite des projetsdans le NPNRU.

Prise en compte des enjeux de santé dans le cadre des programmes ANRU : découvrez nos exemples

Ville-santé de l’OMS depuis vingt ans, la ville de Nantes développe des politiques de promotion de la santé et de la qualité de vie urbaine ambitieuses, formalisées par un contrat local de santé qui l’associe à l’ARS Pays de la Loire en compagnie de Nantes Métropole. Il y a quelques années, la Ville a bénéficié du financement de l’ANRU pour la réalisation d’une étude d’Évaluation d’impact sur la santé (EIS) consacrée au NPNRU du Grand Bellevue. Appuyée sur un groupe associant professionnels de santé, habitants et institutions impliquées dans le contrat local de santé, cette étude a rapidement orienté les décideurs vers un projet de maison de santé pluriprofessionnelle, qui a vu le jour en 2022, dans un quartier marqué à la fois par une surmortalité liée aux cancers, à l’obésité et au tabac, et par une démographie médicale deux fois moins dense que dans le reste de l’agglomération.

Un lieu de ressources pour 20.000 habitants
D’une superficie de 900 m2, l’établissement accueille près de 17 professionnels : médecins généralistes, infirmiers, dentistes, orthophonistes, sages-femmes, kinésithérapeutes… Tous travaillent en étroite collaboration mais aussi en lien avec les acteurs et associations du quartier, autour de différents axes de prévention et de promotion de la santé, en particulier l’alimentation et l’activité physique. Loin d’être un « simple » lieu de soins, la Maison de santé pluriprofessionnelle de Nantes se positionne ainsi comme un lieu de ressources qui permet aux 20 000 habitants du quartier de devenir acteurs de leur propre santé.

L’été dernier, les habitants du quartier Saragosse à Pau ont redécouvert la tour des Fleurs. Construit en 1960, ce bâtiment de 72 logements a bénéficié d’importants travaux de réhabilitation intérieure et extérieure : réfection de la toiture, isolation thermique, création de nouveaux balcons plus larges, remplacement des menuiseries, rénovation des parties communes, réaménagement du parvis et du parking, végétalisation des abords… Mais la transformation sans doute la plus symbolique de cette opération est invisible aux yeux des passants. Elle concerne l’aménagement d’une douzaine de logements aux besoins de locataires séniors en perte d’autonomie ou de personnes en situation de handicap.

Une nouvelle tour des Fleurs, première étape de la démarche "Bien vieillir"
Les travaux ont été concentrés sur la cuisine et la salle de bains, avec l’installation d’une douche adaptée, la création d’un passe-plat équipé dînatoire pour limiter les déplacements de la cuisine au salon, la pose de volets électriques, la mise en place d’une porte à galandage pour faciliter la circulation en fauteuil roulant… En outre, le bâtiment abrite également le Point Relais, l’agence de proximité des locataires du quartier, animée par une équipe de 13 personnes présentes au quotidien pour répondre aux besoins des locataires. Cette nouvelle tour des Fleurs est la première illustration concrète de la démarche « Bien vieillir » mise en place par la communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées. Une stratégie qui prend un relief particulier dans le quartier Saragosse où près de 15 % de la population est âgée de plus de 75 ans.

Suite de l'article ci-dessous...

Santé et urbanisme : notre dossier

...suite de l'article

 

À Saint-Denis, le quartier Saussaie – Floréal – Courtille situé au nord-est de la ville est en pleine mutation avec un enjeu clair : désenclaver un territoire où vivent 6 700 habitants en grande fragilité économique et sociale. L’un des temps forts du projet de renouvellement urbain a eu lieu en fin d’année dernière avec l’inauguration du pôle Petite Enfance et Santé baptisé « Marthe-Gautier ». Ce nouvel équipement à l’architecture colorée abrite trois espaces distincts : une maison de santé pluriprofessionnelle accueillant plusieurs praticiens libéraux, les nouveaux locaux de la Maison du petit enfant Chat perché, qui compte 30 berceaux, et un relais petite enfance qui accompagne les assistants maternels et autres gardes à domicile dans leurs pratiques.

Un espace paysager avec des jeux dédiés aux tout-petits en cours d'aménagement
En lien avec les partenaires santé de la Ville, le pôle Marthe-Gautier a également vocation à épauler les campagnes de prévention sur l’obésité ou encore sur le bon usage du biberon. En outre, parents, enfants et professionnels pourront s’y retrouver et échanger. Les abords de ce lieu de soins, de vie et de « care » n’ont pas été oubliés puisque Plaine Commune et la Ville élaborent actuellement l’aménagement d’un espace paysager comportant des jeux dédiés aux tout-petits en lien avec l’activité du pôle.

À Miramas, un projet d’urbanisme favorable à la santé a été lancé en 2016 dans le quartier La Maille-Le Mercure, en articulation avec une démarche ÉcoQuartier. Doté d’un budget de 170 millions d’euros, dont 34 financés par l’ANRU et planifié sur dix ans, il vise à amplifier l’impact de la rénovation urbaine sur la santé en prenant en considération la définition qu’en donne l’OMS : « Un état complet de bienêtre physique, mental et social. » Une équipe pluridisciplinaire a été constituée pour cette réflexion, impliquant le service politique de la ville, l’équipe projet de la rénovation urbaine et un cabinet spécialisé en sociologie urbaine. Les grands déterminants de santé propres au quartier ont été identifiés : activité physique et alimentation, qualité de l’air intérieur comme extérieur, cohésion sociale, accès aux soins et aux services sociaux.

Lutte contre le bruit, végétalisation des pieds d'immeuble...
Des fiches pratiques d’actions concrètes ont été élaborées pour les différents acteurs du projet afin qu’ils prennent conscience de leur capacité à agir sur les facteurs de santé et intègrent ces recommandations dans leurs programmes et interventions. Elles portent par exemple sur la lutte contre le bruit, la maîtrise de la densité - facteur de stress reconnu - ou encore la végétalisation des pieds d’immeuble et même des cages d’escalier pour inciter les habitants à ne pas prendre systématiquement l’ascenseur… Une charte « Agir pour un urbanisme, des aménagements, des bâtiments et des équipements favorables à la santé » a également été élaborée et annexée à la convention ANRU.

En savoir plus : lire notre carnet de l'innovation

Découvrir les autres articles du magazine