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Développement économique

Une économie qui bouge dans les quartiers : artisans, commerces, tiers lieux

En s’appuyant sur ses missions de renouvellement du bâti, l’ANRU intensifie son action en faveur de l’essor économique dans les quartiers populaires. L’enjeu : redonner un dynamisme commercial, apporter de l’emploi, favoriser l’entreprenariat et changer le quotidien des habitants.

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Comment intensifier le renouveau économique des quartiers prioritaires de la politique de la ville ? L’ANRU participe à un dispositif expérimental : « Quartiers productifs », qui renforce l’une de ses missions : le soutien à l’activité économique des quartiers. Concrètement, quatorze collectivités pilotes sont accompagnées par l’État et ses partenaires parmi lesquels figure l’Agence (voir le détail en bas de page). Les objectifs ? Impulser une nouvelle dynamique économique, renforcer l’entreprenariat, soutenir l’artisanat, booster la transition numérique. Parmi les initiatives qui pourraient voir le jour grâce à ce nouveau label figurent un incubateur pour entreprises innovantes, un pôle d’activité pour les industries culturelles, un tiers lieu dédié au textile durable, etc.

L’activité économique ne se décide pas ainsi, elle ne se décrète pas, elle s’accompagne pas à pas

Si les opérations de destruction-reconstruction, de réhabilitation et de relogement des habitants sont indispensables, elles doivent être accompagnées d’autres leviers afin de transformer le quotidien des habitants d’un quartier. C’est pour cette raison que les projets de renouvellement urbain accompagnés par l’ANRU intègrent ici la construction d’une médiathèque ou d’un hôtel d’entreprises, là celle d’une école ou d’une maison de santé. L’ambition est d’introduire de l’activité dans les quartiers, une diversité des fonctions et des fréquentations pour faciliter leur intégration dans la ville, analyse Nicolas Le Roux, responsable des projets de développement économique à l’Agence. Rénover des logements sociaux, en démolir pour les reconstruire sont autant de tâches complexes mais les interlocuteurs sont identifiés et il est possible de le décider et de le financer avec eux, insiste Nicolas Grivel, directeur de l’ANRU. Il en va de même lorsqu’il s’agit de construire ou rénover une école, une médiathèque ou de créer de nouvelles voiries. En revanche, l’activité économique ne se décide pas ainsi, elle ne se décrète pas, elle s’accompagne pas à pas.

 

Grâce au premier programme de rénovation urbaine (PNRU), un grand nombre de quartiers ont connu un rebond de l’activité économique : création de commerces, de services, d’activités artisanales, installation de professionnels de santé… Dès la préparation des projets, l’ANRU et la Banque des Territoires accompagnent les collectivités pour mener un diagnostic approfondi sur le potentiel économique du quartier. Ainsi, les projets urbains intègrent, dès leur conception, les opérations à vocation économique, l’une des conditions de leur succès futur. D’ores et déjà plusieurs centaines d’opérations d’immobilier à vocation économique sont identifiées et en préparation dans les quartiers. Celles-cipourront bénéficier de l’abondement du NPNRU.

Insertion, entreprenariat et co-investissement

Si les projets de renouvellement urbain favorisent une hausse des investissements économiques de toute nature dans ces quartiers, l’ANRU encourage aussi cette dynamique depuis sa création par des dispositifs dédiés. Le nouveau label « Quartiers productifs » en est le dernier exemple en date, mais il est loin d’être le seul. L’Agence a également accompagnéles 75 lauréats de l’appel à projets « Quartiers fertiles », qui font pousser dès cette année l’agriculture urbaine au pied des logements, avec un objectif prioritaire de création d’activité et d’emplois pour les projets lauréats. Le programme « ANRU+ Les Innovateurs » rassemble lui des start-up, PME et structures de l’économie sociale et solidaire qui s’engagent à déployer leurs solutions d’innovation dans les quartiers. Cette dynamique d’innovation est menée en parallèle de celle des Programmes d’investissements d’avenir « Ville durable et solidaire » et « Territoires d’innovation » (ANRU+) mis en œuvre dans une trentaine de territoires.

Notre rôle est de convaincre les acteurs privés que les quartiers sont aussi une opportunité de business

 

Ces démarches expérimentales visent notamment la structuration de nouvelles filières locales (économie circulaire, agriculture urbaine, mais aussi textile, industrie culturelle, numérique…), le déploiement renforcé de l’économie sociale et solidaire, mais aussi de dispositifs d’insertion par l’activité économique et l’entreprenariat tournés vers la transition écologique. Des approches qui ont permis d’envisager un développement économique plus endogène, et une intervention de l’ANRU au-delà de l’immobilier à vocation économique. Autre outil, le fonds de co-investissement permet à l’Agence d’investir en fonds propres aux côtés d’investisseurs privés dans des opérations d’immobilier à vocation économique. Notre rôle est de convaincre les acteurs privés que les quartiers sont aussi une opportunité de business, explique Corinne Bertone, directrice du fonds de co-investissement ANRU, qui estime que la prise de conscience avance, mais pas encore assez vite.

« Faire venir des habitants de toute la ville dans ces quartiers »

Cet arsenal de dispositifs – il en existe d’autres encore – témoigne de la volonté de l’ANRU et de ses partenaires de créer une forte dynamique économique, endogène et ouverte sur son environnement, dans les quartiers prioritaires. La réhabilitation des logements et le renforcement des équipements publics de proximité prennent alors tout leur sens. C’est la condition sine qua non pour rendre les quartiers attractifs et ainsi attirer des pépinières d’entreprises, des pôles de commerce de proximité, faire venir des habitants de toute la ville pour travailler, consommer, se divertir, conclut Nicolas Le Roux. En créant des emplois pour les habitants, mais aussi en attirant des salariés ou des clients d’autres parties de la ville, le développement économique constitue un levier essentiel pour l’attractivité des quartiers. Il contribue à transformer l’image de ces quartiers, à sortir de l’enclavement par l’ouverture vers la ville et à tracer de nouvelles perspectives.

 

Emploi : mieux insérer les actifs dans les quartiers 

Les investissements de grande ampleur générés par les opérations de renouvellement urbain représentent un formidable moteur économique, avec en prévision plus de 60 millions d’heures travaillées. L’enjeu pour les territoires sera d’organiser les filières de recrutement et de formation afin de bénéficier des retombées. Tout particulièrement, les objectifs d’insertion mis en œuvre par les acteurs locaux (ou dans le cadre de la charte nationale d’insertion) contribuent
également à la dynamique locale pour l’emploi des habitants des quartiers de la politique de la ville. Le premier programme de rénovation urbaine (PNRU) a fortement contribué au développement de l’utilisation des clauses sociales dans les marchés des collectivités et des bailleurs sociaux. Le nouveau programme de renouvellement urbain (NPNRU) devra aller encore un peu plus loin avec la mise en place d’un suivi des bénéficiaires dans une logique de parcours d’insertion, la conception d’outils pour mesurer la qualité de ces parcours et un accompagnement renforcé pour élargir les bénéficiaires : femmes, plus de 40 ans…

Une approche plus qualitative
Les territoires les plus audacieux s’engageront dans une démarche d’intégration des actifs des quartiers dans les secteurs économiques emblématiques de l’agglomération. Des réflexions sont par ailleurs en cours, au niveau national, pour encourager une approche plus qualitative de l’insertion (accès à l’emploi des femmes, parcours pérennes d’emploi, formation professionnelle autour de nouveaux métiers…).

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