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Quand le renouvellement urbain s'emploie au réemploi

Plus de 100 000 logements doivent être démolis dans le cadre du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU). Comment valoriser les tonnes de déchets issues de ces déconstructions ? C’est la question que se pose l’ANRU, qui encourage et développer le réemploi sur ses chantiers. Explications.

Vu dans en villes, le mag de l'anru

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Le réemploi, c’est quoi ?

Dans le bâtiment, le réemploi consiste à valoriser les matériaux issus des déconstructions pour pouvoir les réutiliser, avec le même usage, sur un autre bâtiment. Il s’agit d’une démarche d’économie circulaire qui vise à la fois à limiter la production de déchets et le recours aux matières premières, de plus en plus rares et chères. La construction nécessite l’extraction d’une grande quantité de matières premières, précise Jean- Benoît Cariou, chargé de mission transition écologique à l’ANRU. Cette extraction a plus que triplé depuis 1970, ce qui représente un coût environnemental majeur. Par ailleurs, la flambée des prix des matières premières importées et l’allongement des délais d’approvisionnement démontrent l’intérêt de chercher des alternatives locales comme le réemploi.

46 millions de tonnes de déchets sont produites
chaque année dans le secteur du bâtiment

Pourquoi encourager le réemploi dans les quartiers en renouvellement urbain ?

Le NPNRU prévoit la démolition de 110 000 logements, et la construction ou la réhabilitation de 250 000 autres. Autant de chantiers où les flux de matériaux sont importants, souvent au sein d’un même quartier, faisant du renouvellement urbain le cadre idéal pour la pratique du réemploi. Les atouts sont à la fois environnementaux et économiques. Le réemploi nécessite de nouvelles compétences spécifiques : déconstruction sélective des bâtiments, remise en état et stockage des matériaux pour les redistribuer. C’est ainsi toute une filière locale qui peut se mettre en place avec, à la clé, des emplois.

515 démolitions sont prévues dans le cadre de la rénovation du quartier Bellevue, situé à Nantes et Saint-Herblain.

Pour réussir cette transformation, Nantes Métropole a fixé aux opérateurs l'objectif de mobiliser au maximum les ressources du quartier, qu’elles soient matérielles ou sociales. Ainsi, en 2019, la destruction d’une barre HLM de 9 000 m² a été exemplaire à plusieurs titres :

  • Tri et réemploi. Sur ce chantier, la déconstruction sélective, le tri et la dépose des matériaux ont été optimisés au maximum pour faciliter le réemploi. C’est le cas par exemple des rambardes en bois des escaliers, de très bonne qualité, qui pourront être réutilisées.
  • Insertion. Huit personnes éloignées de l’emploi ont travaillé sur ce chantier de déconstruction. Objectif : faire évoluer les compétences des salariés issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville vers de nouveaux métiers et savoir-faire.

EN CHIFFRES
1,5
tonne de déchets valorisés, issus des équipements électriques et électroniques, PVC rigides, câbles électriques.
3 tonnes de matériaux réemployés, composés notamment des dalles de plafond, lames de parquet, mobilier et rambardes en bois.

Quelles sont les actions mises en place par l’ANRU pour développer le réemploi ?

Les Programmes d’investissements d’avenir encouragent les démarches d’économie circulaire : une dizaine de projets ont bénéficié de financements exceptionnels. Pour mobiliser les acteurs, l’ANRU a constitué un groupe de travail autour du sujet du réemploi et des ressourceries, et le dispositif ANRU+ Les Innovateurs rassemble des structures de l’économie sociale et solidaire et des start-up proposant des solutions sur ces problématiques. Désormais, l’ANRU continue d’encourager les opérations mettant en place des logiques circulaires et peut même attribuer des bonus de financement aux opérations exemplaires. Objectifs de ces différents accompagnements : favoriser l’expérimentation, le partage d’expériences et la montée en compétences des acteurs. Nous sommes encore au stade de l’expérimentation sur certains sujets, mais le défi est déjà de massifier ces pratiques en s’appuyant sur les projets qui ont bien fonctionné et de faire entrer le réemploi dans les pratiques classiques, conclut Jean-Benoît Cariou.

Lancé en 2017, le projet « métabolisme urbain »initié par l'établissement territorial Plaine Commune a pour objectif de généraliser les démarches d'économie circulaire sur les chantiers.

Une charte impose un minimum de matériaux réemployés dans les bâtiments neufs et rénovés, et pour l’aménagement des espaces extérieurs. Les 14 sites du territoire concernés par le NPNRU et les opérations qui y sont rattachées sont engagés dans la démarche.

Première expérimentation à Stains
À Stains, un projet expérimental de réemploi de béton a pu être mis en place dans le quartier du Clos Saint-Lazare. Afin de tester sa faisabilité, un prototype a été réalisé sur une ancienne friche comprenant un muret de soutènement, une maçonnerie paysagère, un dallage et un local extérieur. Fort de cette expérience, le bailleur poursuit l’expérimentation dans le cadre du PIA « Ville durable et solidaire ». Objectif : tirer les enseignements de cette première expérimentation pour le développer à grande échelle sur une allée piétonne et un local de stockage pour deux roues et encombrants. Un projet qui met l’accent sur la montée en compétences des acteurs et l’implication des habitants.

EN CHIFFRES
85% de valorisation de la matière issue de la déconstruction.
70 m² de béton de 8 cm d’épaisseur réemployé.
3,9 journées de travail de plus qu'un projet classique pour 100 m2 de pavage.

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