Renouvellement urbain et résilience

La démarche "Quartiers Résilients", c'est quoi ?

Dédié à la montée en qualité des projets mis en œuvre dans le cadre du Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain, "Quartiers Résilients" est une démarche d'intervention conjointe dans l'ensemble des quartiers. Elle se concrétise également par un accompagnement renforcé d'une cinquantaine de quartiers ciblés, qui bénéficient de financements complémentaires. Son objectif : s’assurer que les 14 milliards du NPNRU soient résilients.

Une démarche née avec l’ambition de s’assurer que les 14 milliards du NPNRU soient résilients

Face aux grands bouleversements de notre époque, les quartiers populaires sont en première ligne. Les QPV (quartiers prioritaires de la politique de la ville) en renouvellement urbain sont des territoires en effet caractérisés par une fragilité plus forte qu’ailleurs, faisant face à des difficultés multiples et présentant d’importantes disparités avec leur agglomération environnante.

Selon l’Observatoire national de la politique de la ville (ONPV), le taux de pauvreté y est 3 fois plus élevé que la moyenne métropolitaine, et le taux de chômage y est 2,5 fois supérieur, avec le constat parallèle d’une faiblesse du tissu économique. Nombre de quartiers prioritaires sont en situation de désert médical, et les maladies chroniques sont prévalentes (+ 7 points pour le diabète et + 6 points pour l’asthme pour les habitants des QPV que pour le reste des Français, toujours selon l’ONPV).

La surexposition des quartiers est avérée, mais aussi ressentie comme telle

Les quartiers en renouvellement urbain souffrent par ailleurs d’une surexposition aux nuisances environnementales, en matière de pollution atmosphérique et sonore (proximité fréquente avec des infrastructures routières), d’effet d’îlot de chaleur urbain, ou de sous-performance énergétique des logements. Ainsi, en Île-de-France, 22 % de la population des QPV est concernée par un « point noir environnemental » contre 12 % hors QPV (Institut Paris Région et Observatoire régional de santé francilien – 2016).

L’enquête réalisée par l’Institut Harris en 2022 sur la vie dansles quartiers populaires révèle que la crise sanitaireliée à la Covid-19 a été vécue plus durement dans les quartiers qu’ailleurs, et que les habitants sont plus exposés et impactés par la crise climatique, qui constitue une priorité majeure pour eux. La surexposition des quartiers aux crises est avérée, mais aussi ressentie comme telle. Ainsi, 70 % des habitants de QPV indiquent avoir été confrontés à des températures trop élevées pendant l’été, contre 56 % au niveau national ; 72 % des habitants de QPV redoutent l’impact de la hausse des prix de l’énergie sur leur capacité à se chauffer, contre 65 % au niveau national.

Ces indicateurs dégradés témoignent d’une fragilité structurelle, à la fois sociale, économique et environnementale, des quartiers et de leurs habitants, qui les rend plus exposés et plus vulnérables aux chocs et aux crises. L’inflation énergétique et alimentaire, les vagues de chaleur liées au changement climatique, la crise sanitaire tout comme l’évolution démographique liée au vieillissement constituent des perturbations profondes auxquelles ces territoires se trouvent confrontés de manière plus violente qu’ailleurs.

En finançant l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments ou des dispositifs d’innovation grâce à des fonds du SGPI, l’ANRU a fait du développement durable un objectif intrinsèque du NPNRU. Cela permet de baisser la consommation énergétique des logements (divisée par 2 pour des logements rénovés et par 4 pour des logements neufs).

En effet, en moyenne, le NPNRU permet de passer d’une étiquette D (constructions des années 60) à une étiquette A (logements neufs), B (logements rénovés BBC) ou C (logements rénovés HPE). Ces actions ont permis à 80% des habitants de logements rénovés dans le cadre du NPNRU de sortir de la précarité énergétique ; le taux passe à 100% des ménages en ce qui concerne les constructions neuves.

Nous avons l’ambition de faire des quartiers les fers de lance de la ville durable en renforçant leur contribution à la transition écologique, et en expérimentant de nouvelles manières de construire la ville

C’est dans ce contexte que la démarche « Quartiers Résilients » est née, avec l’ambition de s’assurer que les 14 milliards du NPNRU soient résilients. Pour accompagner les quartiers prioritairessur les enjeux de résilience, l’Agence propose d’intervenir spécifiquement sur deux volets :

  • Une programmation d’animations et de formations dédiées à la résilience est proposée aux acteurs du renouvellement urbain depuis janvier 2023, avec notamment des productions thématiques, et des temps d’échange et d’accompagnement (webinaires thématiques, rencontres régionales et nationales, visites de sites). Les partenaires de « Quartiers Résilients » apportent leur expertise dans ce cadre. L’objectif de résilience est par ailleurs mis à l’agenda de toutes les revues des projets de renouvellement urbain locales. Pour ce faire, il est inscrit dans les lettres d’objectifs 2023 aux préfets de département, et l’ANRU met à disposition une grille d’analyse et une méthodologie de conduite des revues de projets pour permettre une lecture de la résilience des projets NPNRU, et identifier les marges d’amélioration et les suites à donner aux projets pour amplifier leur contribution à la résilience.
  • Un accompagnement renforcé pour une cinquantaine de quartiers ciblés : les quartiers sélectionnés doivent être en phase opérationnelle et présenter des fragilités territoriales significatives au regard des enjeux climatiques et énergétiques notamment. Un comité de sélection a examiné les projets afin d’établir la liste des territoires à accompagner de manière renforcée. Ces derniers bénéficient de missions d’appui territorialisées, mais également de financements d’investissements complémentaires par l’ANRU, ses partenaires (Action Logement, USH, la Caisse des dépôts) ou d’autres agences et services de l’Etat, engagées pour la résilience des quartiers (ADEME, ANAH, ANCT). L’ANRU a pour sa part réservé une enveloppe de 100 millions d’euros pour accompagner ces projets. Cet accompagnement permet de renforcer la résilience des quartiers en renouvellement urbain en travaillant par exemple sur le traitement des îlots de chaleur urbain, la gestion du cycle de l’eau, la dépendance aux énergies fossiles des immeubles de logement social, la promotion de l’économie circulaire, etc…

Verbatim

Catherine Vautrin, présidente du Conseil d'Administration de l'ANRU (2022-2024) : Aux fragilités multiples qui caractérisent nos quartiers se superposent désormais des crises et des chocs nouveaux qui les rendent plus vulnérables. Nous avons la responsabilité collective de renforcer les capacités d’adaptation et de transition de ces territoires face aux crises de notre siècle : les quartiers de 2030 devront être plus résilients. « Quartiers Résilients » est une réponse partenariale forte pour une transformation de la ville plus ambitieuse et adaptée aux défis de notre temps. Nous nous réjouissons de son déploiement dans les territoires dès 2023 !

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