Nadia Bouyer : "Les compétences d'Action Logement et de l'ANRU se complètent"

Quelle est votre feuille de route à la tête d’Action Logement ?

J’ai pris mes fonctions en décembre dernier en envisageant la mission confiée par les Partenaires sociaux avec passion et énergie. Je résume ma feuille de route en trois mots : l’efficacité, l’exemplarité et le rayonnement du Groupe. Notre Groupe accompagnera les transformations du secteur pour répondre au besoin de logement des salariés, sur tous les territoires, dans leur diversité et dans la complexité de leurs enjeux.  
D’abord, et parce que c’est bien le cœur de métier historique d’Action Logement, nous intensifierons la production de logements abordables, c’est un impératif dans notre pays où l’on compte plus de 2 millions de demandes de logement social. Le Groupe a d’ailleurs obtenu en 2020 plus de 42 000 agréments pour du logement social et intermédiaire, et notre ambition pour 2021 est forte, puisque l’objectif de développement de nos filiales atteint 46 000 logements.  Nous soutiendrons également l’ensemble de la production du secteur. Nous avons signé en février dernier un avenant avec l’Etat, en soutien à l’ambition de produire 250 000 logements sociaux en 2021-2022. Dans cette perspective, nous allons apporter 1,17 milliard d’euros supplémentaires dans le secteur.  Pour soutenir la reprise économique et sociale, nous déployons davantage de moyens pour l’accompagnement des tous nos publics, avec une attention accrue pour les plus fragiles : je pense bien sûr à ceux qui ont été touchés par la crise économique mais aussi à tous les jeunes, en formation ou sur le seuil du marché de l’emploi. Enfin, une place indispensable doit être donnée aux territoires qui appelle de notre part des interventions « sur-mesure » propres aux besoins locaux.

Plus que jamais, l’agence doit soutenir les bailleurs sociaux et les élus, être celle qui accompagne les projets.

Quel est votre regard sur l’action de l’ANRU que vous avez connu dans différentes fonctions durant votre parcours ?

L’ANRU est née d’une vision, et d’une volonté politique exceptionnelle de Jean-Louis Borloo, pour transformer la vie dans les quartiers. L’agence a donné les moyens de réaliser des projets ambitieux, avec une méthode partagée entre les acteurs. J’ai toujours soutenu son action, car je crois profondément dans « l’intelligence du terrain ». 
Diriger une ESH en Ile-de-France puis prendre les rennes d’une structure comme Action Logement Groupe, c’est forcément avoir pour interlocuteur régulier l’ANRU. C’est un travail partenarial où les compétences se complètent, entre ceux qui financent et construisent et ceux qui déploient une politique publique en faveur des zones de renouvellement urbain.
L’ANRU aujourd’hui, après une période consacrée à la validation des projets, doit être force d’impulsion auprès des acteurs locaux et des élus afin de permettre le déploiement des projets sur les sites dans des délais rapides. Plus que jamais, l’agence doit soutenir les bailleurs sociaux et les élus, être celle qui accompagne les projets.

Le budget du NPNRU a augmenté de 2 milliards d’euros en début d’année grâce notamment un financement complémentaire substantiel apporté par Action Logement (1,4 Mds). En quoi est-ce important pour AL d’aller plus loin sur cette politique publique ?

Les partenaires sociaux ont participé à la création de l’ANRU en 2004 et ont toujours respecté leur engagement. Ils ont mobilisé 9,3 Mds€ de ressources issues de la participation des employeurs à l’effort de construction depuis 2004 pour financer le premier programme de rénovation urbain (PNRU) contribuant ainsi à 80% de son financement.
Le Groupe Action Logement a aussi mobilisé sa filiale l’Association Foncière Logement (AFL) et ses filiales ESH afin de produire du logement au coeur des quartiers de rénovation urbain et offrir ainsi une offre diversifiée en locatif ou en accession. Ce sont ainsi près de 16 000 logements qui ont été livrés ou en cours de réalisation.
40 ESH du Groupe ont été des acteurs actifs au quotidien auprès des élus locaux pour la transformation des quartiers et l’amélioration de leur propre parc de logements.
L’abondement de 1,4 Msd€ d’Action Logement portera notre financement du NPNRU à plus de 10 Msd€ (72% du programme). Il s’inscrit ainsi dans cet engagement de long terme de l’ensemble des entités du Groupe qui vise la restructuration en profondeur de ces quartiers d’habitat social et l’amélioration du logement des salariés et des plus modestes.

Action Logement a pour vocation de favoriser l’accès au logement des salariés. Quelles sont les actions particulières qu'elle a pu mettre en place dans cette période d'incertitude et de crise ?

Action Logement a été particulièrement réactif dès le début de la crise. Nous avons aussitôt élaboré et mis en œuvre une aide allant jusqu’à 900 euros aux salariés les plus fragilisés pour faire face à leurs charges de logement qu’ils soient locataires ou propriétaires. Il faut souligner la réactivité d’Action Logement : aujourd’hui, ce sont près de 100 000 personnes qui en ont bénéficié. Être un amortisseur de la crise sociale est fondamental, cela passe aussi par des initiatives de proximité. Je pense aux actions de solidarité qui ont été mises en place depuis un an, initié par les conseillers sociaux, les responsables locatifs, les gardiens pour déployer une veille active auprès de nos locataires isolés ou fragilisés. Il faut aussi souligner l’engagement vis-à-vis des jeunes en formation ou récemment entrés sur le marché du travail qui est inscrit dans les gènes d’Action Logement. Nous répondons là, non seulement aux attentes des « moins de trente ans », mais aussi à celles des entreprises. C’est une illustration forte du lien emploi-logement qui est l’ADN du Groupe. Par exemple, avec la garantie Visale, ce sont près de 400 000 jeunes actifs ou étudiants qui ont pu trouver un logement et acquérir leur indépendance, grâce à cette garantie gratuite. A partir de cet été, Visale, jusque-là limitée pour les plus de 30 ans aux salariés en mobilité, sera étendu à tous les salariés ayant des revenus inférieurs à 1500€.  Par ailleurs, nous allons cette année renforcer nos aides à l’accession sociale à la propriété. Passer du statut de locataire à celui de propriétaire est vertueux en termes de mixité sociale. Notre responsabilité, c’est aussi de favoriser la diversité des statuts résidentiels, ce qui rejoint une des missions de l’ANRU.