Visionner le grand débat avec Emmanuelle Wargon, Cécile Mazaud, Thierry Repentin et Clément Dherbécourt.
Plus de 7 Français sur 10 estiment qu’il est prioritaire de mieux équilibrer la mixité sociale dans le pays… Mais qu’entend-on réellement par mixité sociale ? Et quelles pistes d’action au-delà des politiques de construction et d’attribution ?
Pendant des décennies, la problématique de la mixité sociale a été essentiellement vue à travers le prisme de la construction du logement social. Et sur ce plan, les signaux sont plutôt au vert. La loi SRU de 2000 a eu un impact très positif en permettant la production de 1,9 million de logements sociaux, dont la moitié dans des communes en rattrapage
, résume Thierry Repentin, qui intervient avec la triple casquette de maire de Chambéry, de président de l’Anah et de président de la commission nationale SRU.
La mixité sociale se pense aussi “dans l’autre sens”, en faisant venir des classes moyennes dans les QPV, par le biais de l’accession à la propriété ou par la réalisation de logements locatifs libres dans les opérations de rénovation urbaine, ce dernier point est d’ailleurs l’un des deux piliers principaux de notre action
, remarque Cécile Mazaud, présidente de la Foncière Logement, filiale d’Action Logement dédiée à la production de logements locatifs à destination des salariés, dans une volonté affirmée de mixité sociale. Mais une étude récente menée par France Stratégie semble indiquer que la production de logements ne fait pas tout.
Nos travaux révèlent que la meilleure répartition des logements sociaux sur le territoire n’a pas entraîné d’évolution majeure dans la composition démographique des communes
, indique le chercheur Clément Dherbécourt. Alors que faire ? La mixité sociale se joue aussi dans la vie que vous organisez autour des bâtiments
, poursuit Thierry Repentin. Si vous souhaitez accueillir des habitants de tous horizons et les garder dans la durée, vous devrez miser sur un bâti de qualité, mais aussi sur le système scolaire, sur la tranquillité et la sécurité, sur l’offre commerciale, sportive et culturelle
.
Et ne pas oublier la connexion aux bassins d’emploi
, insiste Cécile Mazaud. Le parcours résidentiel ne devrait jamais être abordé sans tenir compte des parcours professionnels…
Cette approche multithématique est la grande force du NPNRU
, indique Nicolas Grivel, directeur général de l’ANRU, au moment de clore le débat. Nous veillons à ce que tous les projets signés contribuent activement à restaurer toutes les fonctions de la ville pour qu’elles soient attractives pour tous.
L'évolution de la mixité sociale dans les aires urbaines de plus de 100 000 habitants : découvrez la cartographie dynamique de France Stratégie
- Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement : « Le gouvernement a décidé de renforcer ses leviers »
Face aux multiples défis de la mixité sociale, le gouvernement a décidé de renforcer ses leviers d’action avec trois décisions majeures. Les deux premières devraient être concrétisées avec la future loi de décentralisation – dite loi 4D – qui est entrée en première lecture au Sénat début juillet. Il s’agit d’abord de la pérennisation de la loi SRU et de son article 55, qui fixent des objectifs de production de logements sociaux pour atteindre des quotas de 20 % ou 25 % selon les communes. Le projet de loi intègre aussi un objectif d’accès au logement social pour les « travailleurs essentiels » à la vie locale. La troisième évolution portera sur la mobilisation du parc privé, parce que le logement social ne peut pas suffire. Sur ce plan, l’Anah sera en première ligne, avec la refonte du dispositif de conventionnement Louer Abordable, qui incite les propriétaires bailleurs à plafonner le loyer des logements proposés à des ménages modestes en bénéficiant d’une déduction sur leurs revenus fonciers.