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Le renouvellement urbain vu d'Europe : quelles différences, quelles convergences ?
Vu dans en villes, le mag de l'anru
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Renewal, regeneration ou redevelopment dans les pays anglo-saxons, rénovation, renouvellement, réhabilitation pour les francophones, Stadterneuerung, Stadtsanierung, Stadtumbau en Allemagne… Dans la quasi-totalité des pays européens, plusieurs vocables coexistent pour désigner les processus de reconstruction des villes sur elles-mêmes, traduisant la multiplicité des lectures possibles mais aussi l’évolution des pratiques nationales. Aziza Akhmouch, cheffe de la division Villes, politiques urbaines et développement durable de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) résume : L’OCDE étudie les politiques de renouvellement urbain dans ses 48 pays membres depuis plus de vingt ans et nous constatons des mutations importantes. Autrefois essentiellement centrées sur le bâti, ces politiques sont désormais beaucoup plus systémiques, embarquant des problématiques toujours plus nombreuses de transition écologique et numérique, d’attractivité, de développement économique, de lutte contre les inégalités, et d’accessibilité, proximité et mobilité…
Bien sûr, les États européens n’ont pas tous les mêmes priorités ni les mêmes pratiques, mais la charte de Leipzig adoptée par l’ensemble des États membres de l’UE en 2007 et actualisée fin 2020 témoigne de la volonté partagée de donner naissance à des villes « vertes, justes et productives » qui soient au service du bien commun.
Charge aux pouvoirs publics locaux de régler les curseurs entre ces trois dimensions. Et ce n’est pas là la moindre des difficultés. Dans plusieurs pays européens, dont la France par exemple, le renouvellement urbain a souvent été planifié pour gérer les questions de pauvreté et de ségrégation…
ajoute Aziza Akhmouch. Mais aujourd’hui, des sujets fondamentaux comme l’accès local au logement, à la santé ou à l’éducation reculent parfois devant une vision assez élitiste de l’écologie, qui ne prend pas assez en compte sa dimension solidaire ; le discours généralisé sur la voiture individuelle en est un exemple, ainsi que des concepts comme la ville du quart d’heure, qui peuvent générer de nouvelles fragmentations si on ne pense pas la ville sous l’angle de la cohésion, qu’elle soit territoriale ou sociale. Sur ce dernier point, j’observe que la question de l’inclusion demeure une “patate chaude” que les pouvoirs publics ont bien du mal à prendre en charge alors qu’elle constitue une puissante bombe à retardement.
Bâtiment, énergie et mobilité à l’agenda de la présidence française
Ville verte, ville juste, ville productive… Les six mois pendant lesquels la France occupe la présidence du conseil de l’Union européenne peuvent-ils avoir un effet favorable pour l’urbain de demain ? En tout cas, deux sujets d’importance pour les villes figurent au sommet de l’agenda du premier semestre : le plan de relance européen et le Pacte vert. Ce dernier comporte des mesures en faveur de la rénovation énergétique des bâtiments, de la mobilité décarbonée ou encore des systèmes de chauffage plus verts. Autant de sujets qui intéressent de près les projets de renouvellement urbain.
La France a en outre fait part de son intention d’approfondir la dimension « ville juste » de la charte de Leipzig en s’appuyant notamment sur la politique de la ville et ses différents instruments. Dans son ensemble l’agenda de l’UE semble désormais aller dans la bonne direction et le fait que la France incarne une posture de recherche d’équilibre entre les métropoles et les villes moins conséquentes qui les entourent est de bon augure pour l’issue des travaux communautaires impactant les villes. C’est le bon moment pour changer de paradigme
, ajoute Aziza Akhmouch. En effet, les grandes avancées en matière de renouvellement urbain ont souvent résulté de graves crises – c’est le cas de Paris après le choléra, de New York après Sandy, de Bijlmermeer aux Pays-Bas après l’accident d’avion. La situation actuelle offre une fenêtre d’opportunité qui rend beaucoup de solutions socialement et politiquement plus acceptables qu’elles ne l’étaient hier. Les maires, les élus et l’État ont un rôle fondamental à jouer pour prendre, aujourd’hui, les bonnes décisions pour les générations à venir.
Lire le témoignage de Diane Le Roux, chargée de mission Coopération Internationale à ANRU
« Depuis que la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine de 2014 l’y a autorisée, l’ANRU s’attache à partager à l’international son expérience du renouvellement urbain et son expertise sur la ville en général. Nous menons ainsi des coopérations techniques dans le cadre de programmes soutenus par l’Agence française de développement dans plusieurs pays du bassin méditerranéen. Nous discutons aussi avec des représentants de pays qui cherchent à construire ou moderniser leurs politiques publiques liées au renouvellement urbain. Nous sommes par ailleurs chargés de la gestion administrative du programme de coopération Urbact, qui permet aux villes européennes d’échanger leurs expériences et bonnes pratiques en matière de développement urbain. Enfin, notre modèle de guichet unique national suscite un fort intérêt à l’international car il demeure à ce jour quasi unique dans le paysage mondial. Cette spécificité nous a d’ailleurs amenés à prendre part au groupe d’experts réunis en fin d’année dernière par ONU Habitat autour des problématiques du renouvellement urbain. Ces échanges vont se poursuivre dans les semaines qui viennent dans la perspective de l’élaboration de lignes directrices qui devraient être présentées en juin prochain au Forum urbain mondial. »
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