Sondage, Communiqué de presse
Baromètre d'opinion - Les Français dans leur quartier
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Quel regard les habitants portent-ils sur leur territoire de vie ? Quelles attentes expriment-ils à l’égard des pouvoirs publics et quelle vision ont-ils des enjeux associés à la mixité sociale ?
Les résultats de l’enquête réalisée avec l'institut Harris Interactive ont été présentés ce lundi 12 septembre 2022. Vous pouvez consulter, en annexe, le rapport complet.
L’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) finance et accompagne la transformation de quartiers de la Politique de la ville partout à travers la France. À sa demande, Harris Interactive a lancé en 2021 une enquête barométrique auprès de deux échantillons complémentaires : un échantillon représentatif de l’ensemble de la population vivant en France, et un échantillon représentatif des habitants des quartiers prioritaires de la Politique de la ville (QPV).
Un an après cette première édition, une nouvelle vague d’enquête a été réalisée selon les mêmes modalités méthodologiques. Entre temps, la guerre en Ukraine, la hausse des prix de l’énergie et l’inflation généralisée, les pénuries, les épisodes caniculaires… sont autant d’événements d’actualité qui sont loin d’avoir laissé les Français indifférents. Aussi, ces éléments sont susceptibles d’avoir influencé directement ou indirectement le regard des Français quant à leur lieu de vie (commune, quartier, logement…).
Dans un tel contexte, la deuxième édition du baromètre permet opportunément de mesurer la perception du lieu de vie des Français en cette rentrée 2022.
Que retenir de cette enquête ?
Une image du quartier globalement stable par rapport à l’an dernier
Comme l’an dernier, la grande majorité de la population vivant en France se montrent satisfaits de leur lieu de vie, tant à l’échelle de leur commune qu’à celle de leur quartier (près de 9 personnes sur 10). Comme l’an dernier également, les habitants des Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) manifestent une satisfaction légèrement en retrait à propos de leur commune (82%) et surtout à propos de leur quartier (74%). Lorsqu’ils comparent la situation de leur quartier à celle des autres, les Français estiment que leur situation est meilleure (45%) plutôt que moins bonne (18%), quand 36% jugent la situation ni meilleure, ni moins bonne que la moyenne. En revanche, dans les QPV, davantage de personnes jugent la situation « moins bonne que la moyenne » dans leur propre quartier (40%, contre 27% qui la trouvent meilleure). Un décalage de perception qui s’est accentué par rapport à l’an dernier (+4 points).
Un cadre de vie jugé agréable, mais dont l’accessibilité pourrait être améliorée
Satisfaits de leur quartier à près de 90%, les Français jugent leur quartier agréable à vivre (85%), sûr (83%), calme (80%), pourvu d’espaces verts (80%) et avec des espaces publics en bon état (80%). Des garants d’une bonne qualité de vie. Cependant, les Français se montrent légèrement moins convaincus par l’accessibilité de leur quartier ou son dynamisme économique. Ainsi, 72% déclarent qu’il est facile de se garer dans leur quartier, 70% qu’il est bien adapté à la pratique du vélo et 65% qu’il est facilement accessible en transports en commun : des réponses qui sont majoritaires mais loin d’être unanimes. Concernant le dynamisme économique, seuls 58% trouvent que leur quartier abrite de nombreux commerces et 43% qu’il offre des opportunités d’emploi. Ces perceptions varient nettement selon que l’on vive dans un environnement urbain ou plutôt rural. Aussi, dans les QPV, les habitants retrouvent les bénéfices caractéristiques des environnements urbains : bonne accessibilité par les transports en commun, nombreux services accessibles, nombreux commerces, etc. En comparant les résultats de cette population à ceux de l’ensemble des Français on remarque que les habitants des QPV estiment bien plus leur quartier accessible aux transports en commun (80% contre 65%), avec de nombreux services accessibles (79% contre 72%) ainsi qu’avec de nombreux commerces (67% contre 58%). 3 On le voit la situation géographique objective des QPV n’est pas mésestimée par ses habitants Même le fait d’être dans un lieu pourvoyeur d’emplois est un peu plus identité dans les QPV. Il s’agit probablement du fait et de politiques volontarises exprimées au niveau national et de la structure des habitants dont nombre d’entre eux sont sensibles à la baisse du chômage.
Des attentes fortes exprimées dans les QPV
On sait l’intérêt accordé en France à l’alimentation. D’une manière générale, on affirme avoir accès près de chez soi à des produits alimentaires de qualité, produits localement, issus de l’agriculture biologique. Seul à peine plus d’un Français sur deux les qualifie de peu chers. Notons qu’il s’agit du seul aspect pour lequel les habitants des QPV donnent des réponses plus positives que les autres habitants (65% contre 56%). De même, si les difficultés d’accès à des professionnels de santé ont été fortement médiatisées, observons que 61% des habitants des QPV indiquent avoir facilement accès près de chez eux à un médecin spécialiste contre 53% des Français. Ces réponses s’inscrivent dans un contexte où, on le sait, les déserts médicaux ne touchent pas que les zones ici mentionnées. Même si la situation dans les quartiers des QPV est jugée comme bonne par une majorité de ses habitants, observons qu’il apparait important de développer dans son quartier… toutes les éventualités testées dans ce questionnaire. Ici le logement est la première des priorités : 84% y font référence. Lorsque l’on analyse les réponses de l'ensemble des Français voyons qu’il s’agit non seulement de leur quatrième priorité mais également que « seuls » 72% parlent de travaux pour améliorer les logements. Enfin, dans un contexte où de nombreuses informations ont été émises au cours de ces derniers mois, non seulement 72% des Français affirment avoir entendu parler des programmes de rénovation urbaine, pour aider la transformation des quartiers populaires mais également ce niveau de connaissance progresse de 3 points en un an. La logique est identique et est plus marquée chez les habitants des QPV : 73% en 2021, 82% cette année. Il ne s’agit donc pas de politiques perçues comme n’intéressant pas les citoyens non directement destinataires de leurs effets.
Une période Covid vécue plus difficilement dans les QPV
D’une manière globale, les habitants des Quartiers Politique de la Ville ont rencontré des difficultés au cours du confinement. Et ce plus que les autres Français. Un actif sur deux affirme que son employeur leur a imposé de se rendre sur son lieu de travail, un tiers a souffert de solitude, quatre sur dix qu’ils ont été soumis à une surcharge de travail importante, un tiers à une difficulté à trouver un médecin disponible. L’une des plus grandes difficultés rencontrées a été de devoir télétravailler dans un environnement inadapté (37% contre 22% pour l’ensemble des actifs). On le voit ici aussi, il est implicitement question de logement. Au final près d’un tiers des habitants des QPV jugent que la crise sanitaire a été plus difficile pour eux à vivre que pour la moyenne des Français. Pour autant, c’est dans les QPV que l’on affirme plus qu’ailleurs qu’ils se sont sentis plus proches de leurs voisins. Les conditions objectives rendent la situation plus difficile à vivre. Mais l’ambiance collective apparaissait meilleure qu’ailleurs.
L’isolation thermique : un enjeu central
Les habitants des QPV indiquent avoir cet été plus souffert de la chaleur que les autres habitants (76% contre 70%), ont moins bien dormi et surtout ont rencontré de plus grandes difficultés à trouver un endroit pour 4 bénéficier de fraicheur (62% contre 48%). Pour autant, comme nous avons pu le voir par ailleurs, le lien avec les voisins ont été plus marqué que pour les autres habitants. Indépendamment de la situation caniculaire, d’une manière générale il fait trop chaud l’été dans 70% des foyers QPV (56% en France), trop froid l’hiver (62% contre 35%), la promiscuité auditive se fait sentir (57% contre 35%), tandis que 39% des habitants des quartiers populaires indiquent qu’ils ont souffert d’humidité (22% des Français).
L’enjeu énergétique rejaillit également lorsque l’on demande aux citoyens la manière dont se structurent leurs dépenses. Derrière l’alimentation sont évoquées les dépenses d’énergie et de déplacements. Dans contexte, le fait que 72% des habitants des QPV (65% des Français) anticipent que la hausse des prix de l’énergie aura un impact important sur leur capacité à chauffer leur logement dès cet hiver et 64% sur leur capacité à se déplacer (56% des Français).
Ces inquiétudes s’inscrivent qui plus est dans un contexte où les Français, qu’ils résident ou non dans un QPV, indiquent faire ou avoir fait des efforts : en limitant la consommation d’eau chaude, baissant la température, limitant leurs déplacements, changer leurs heures de consommation d’électricité.
Au final, les habitants des QPV vivent des situations plus difficiles que l’ensemble des citoyens et… ne se « plaignent » pas. Tout en étant satisfaits de vivre dans leur commune et quartier, ils se sentent un peu moins en sécurité que l’ensemble des Français, vivent moins dans le calme, évoluent dans un univers moins propre. Ces aspects sont minorés par une vie associative vue comme riche et par une solidarité de voisinage. Le logement dans les QPV constitue un point de tension important à tel point qu’il s’agit de la première priorité assignée dans ces quartiers. Au vu des conditions vécues (chaud l’été, froid l’hiver) et de ce à quoi ils s’attendent (augmentation du coût de l’énergie) tout laisse préjuger que ces attentes devraient perdurer à l’avenir.
Méthodologie : Enquête réalisée en ligne du 26 août au 5 septembre 2022. Enquête administrée auprès de 2 échantillons : un échantillon de 1 030 personnes représentatif de la population vivant en France âgée de 18 ans et plus ; un échantillon de 702 personnes représentatif des personnes âgées de 18 ans et plus résidant en Quartier Prioritaire de la politique de la Ville (QPV). Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).